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C’est souvent dans le « trop » que les leaders ont trouvé leur étincelle et leur élan, gagnant ainsi leur autorité naturelle. Car derrière des gros défauts il y a un potentiel, des ressources dormantes. A conditions de savoir apprivoiser et exploiter ceux-ci en leur donnant du sens, car tout excès a son « côté lumière », en divulguant à l’équipe son mode d’emploi de « chef outrancier« , ce qui l’aidera à mieux se situer. Mais surtout en compensant régulièrement ces excès sans vouloir les comprimer.

Excès n°1 : trop exubérant(e)

Vous avez de l’énergie à revendre, l’envie d’en découdre, vous êtes combatif. Vous décidez vite, quitte à simplifier les situations pour prendre position. Avantage : vous apportez de la vitalité, savez crever les abcès et impulser. Inconvénient : vous vous emballez parfois et risquez d’étouffer les autres voire de susciter la peur.

Vous pouvez dire : « J’ai tendance à sur-réagir, ne prenez pas à la lettre tout ce que j’annonce ». « Il faut oser m’apporter de la contradiction, vous me ferez revenir sur terre ». « Ne prenez pas les mouvements de colère contre vous, c’est de l’implication ! »

Comment compenser ? Soyez présent et soutenez vos troupes dans l’adversité ; appuyez-vous sur des personnes posées ; gagnez en sérénité en vous isolant ou par des exercices zen.

Excès n°2 : trop détaché(e)

Cette posture est intéressante dans les situations difficiles, vous gardez votre esprit critique. Tel un chirurgien, vous êtes capable d’analyser et de disséquer les problèmes avec recul et sang froid. Revers de la médaille : vous montrez peu d’investissement personnel. Taiseux, impassible en surface lors des coups durs, votre comportement risque de générer interprétations et malentendus, aggravés par votre indisponibilité apparente.

Vous pouvez dire : « Mon silence en réunion n’est pas désapprobation, il signifie que tout va bien. » « Ma porte est souvent fermée car j’ai besoin par moment d’être seul. N’hésitez pas à la forcer pour me faire part de vos difficultés ».

Comment compenser ? Créez des occasions de convivialité, en petit comité pour être plus à l’aise ; allez voir les gens dans leur bureau plutôt que de communiquer par mail ; proposez des « réunions écoute » à la demande.

Excès n°3 : trop prudent(e)

Le manque d’audace réfléchi a une vertu : permettre de percevoir les problèmes sous-jacents avec acuité. Lanceur d’alerte, vous cultivez le « doute positif » et aiguillonnez les autres pour aller au bout d’une logique afin de fiabiliser le projet. Si cette attitude peut être perçue comme rabat-joie, elle est un bon remède à l’arrogance et à l’inconséquence. En outre, soucieux de progresser, vous vous remettez en question.

Vous pouvez dire : « J’ai le réflexe à chaque idée neuve, de lister les risques possibles, mais cela ne m’empêche pas d’être optimiste dans la réalisation ». « Chez moi la critique est une marque d’intérêt pour le sujet ».

Comment compenser ? Valorisez les gens qui prennent des initiatives avant de les confronter ; séparez le temps du doute et celui de l’action ; encouragez.

Excès n°4 : trop affectif(ve)

L’atout d’un tel débordement, c’est d’humaniser le travail. Vous créez de la chaleur en portant les projets avec votre coeur et vos tripes. Vous vous engagez à 100%. Vous défendez et protégez vos collaborateurs ou vos pairs contre vents et marées, parfois avec partialité.

Vous pouvez dire : « Je fonctionne à l’affectif, c’est vrai, j’ai besoin d’un collectif de travail soudé autour de moi ». « Si vous vous sentez marginalisé, dites-le moi ». « Prévenez-moi si je suis trop envahissant ».

Comment compenser ? Multipliez les discussions à bâtons rompus pour inclure tout le monde ; entourez vous de personnes rationnelles qui vous canaliseront.

Excès n°5 : trop exigeant(e)

Vous poussez en permanence à la qualité. En visant l’excellence vous êtes un formidable pygmalion, un développeur de talents. Vous créez une émulation positive et tirez les gens vers le haut. Mais focalisé sur les erreurs, souvent insatisfait, vous avez tendance à briser les ailes.

Vous pouvez dire : « Je sais que j’ai du mal à donner des feedbacks positifs, il faut me les réclamer ». « Je supporte mal les gens qui donnent l’impression de s’impliquer à moitié ». « Arrêtez-moi si j’exagère dans mes demandes ».

Comment compenser ? fixez des critères objectifs de réussite ; abaissez votre niveau d’attente, « là je veux juste un brouillon » ; organisez des temps de soutien et de ressourcement (coopération, formation interne, partage)

(1) Cepig, Centre d’études de psychologie individuelle et de groupe. Il est aussi l’auteur de »4 Clés pour gagner en autorité naturelle », InterEditions, 2012.

D’après: Personnalité borderline: comment tirer parti de ses excès – L’Express L’Entreprise